Quand ça ne tient qu'à un fil!

Publié le 20 Décembre 2012

Quand ça ne tient qu'à un fil!

Et quel fil! Le seul! Le vrai! Celui qui a le goût de banane! Le fil "made in Crotenay"!

Venons-en aux faits. Cela se passe sur un spot où quelques jours plus tard, j'aurai la chance de partager une partie de pêche mémorable avec, justement, le confectionneur de ce nylon magique. Mais ça c'est une autre histoire.

Donc après un période où l'eau était tendue, les conditions n'étaient pas optimales ; L'eau était encore un peu piquée et un léger vent frisait la surface, ce qui rendait la visibilité loin d'être parfaite. Mais ça faisait rien. De part la grossesse jumellaire de Cyrielle, chaque partie de pêche avait une saveur particulière; un peu comme si c'était la dernière de la saison. J'étais en sursis halieutique!

Camelbak rempli et Sandwich "Jambon-Vache qui rit-comté-harissa" dans le gilet, je privilégiais le coup de midi pour bénéficier d'un soleil au zénith. Sous les frisottis de la surface, il m'a semblé apercevoir un poisson assez rapide, certainement en alerte.

Le vent de plus en plus marqué, le choix de cette rive à prospecter fut le bon. Il y avait beaucoup plus de plages de visibilité. En face, je n'aurais même pas pu voir un centimètre carré du fond. Pour autant, il n'y a pas foule dehors.

Je passe du temps à scruter les spots les plus prometteurs. Après avoir parcouru une assez grande distance. Je décide de revenir sur l'endroit où il m'a semblé voir un fish. De cette rive, il y a peu de trouées dans la végétation donnant une bonne visibilité et permettant de tenter quelque chose. Je choisis la meilleure et fais le héron.

Je surplombe de 2 mètres la rivière. Deux arbres tombés longent la rive où je suis perché. Je suis posté juste en amont de ces deux tiges. Magnifique poste à truites, mais fabuleux piège pour casser un beau poisson. Ma visibilité est vraiment bonne que sur un ou deux mètres le long de ces embâcles. Elle se réduit fortement où commence une belle veine d'eau qui passe au dessus de gros blocs rocheux.

Le coin est idéal. Si un poisson tourne, c'est obligé qu'il vienne longer, un moment ou l'autre, cette rive.

Je suis monté costaud: pointe de 2 mètres en 16 centièmes et un gammare JFD sur hameçon de 12 noué au bout.

Les minutes défilent et rien ne se passe. C'est calme, trop calme. Le moral s'amenuise, la patience s'ébrèche au fur et à mesure que les minutes passent. Presque une demie-heure que je poirote et toujours rien. C'est mort! Un dernier coup d'oeil et je change de coin. C'est alors que je l'aperçus.

Toute claire, elle longeait tranquillement, comme il se devait, le tronc immergé. Elle piochait dans la mousse. Le gammare devrait faire fureur. Et il le fit!

Je savais que la situation était délicate. Je ne pouvais pas descendre rapidement à l'eau pour repousser le poisson vers le milieu de la rivière où les obstacles étaient absents.

La canne banda. La nymphe perça la surface et vint se poser sur le fond. Quelques secondes de patience supplémentaires où la belle progressera encore un peu dans la bonne direction. Je décolle la nymphe et la réaction ne se fit attendre. Madame devait avoir des fourmillements dans l'appareil digestif pour se précipiter aussi prestement. A moins que ce soit la magie de cette nymphe!

Quand une gueule comme celle-ci se referme sur sa nymphe, la tension artérielle du pêcheur explose!

Quand une gueule comme celle-ci se referme sur sa nymphe, la tension artérielle du pêcheur explose!

Ferrage et bridage pour monter le poisson directement en surface. Mais ce n'était pas du tout de l'avis de ce dernier qui prendra le fond, la veine de courant et descendra rapidement entre les blocs. Canne haute, un bloc évité. Le second ça passe aussi . Par contre le plus imposant, beaucoup plus en aval, sera longé, côté milieu de la rivière, et finira par bloquer la pointe de ma soie. Même en lâchant du mou, la ligne restait bien coincée.

J'avais déjà entamé ma descente périeuse mais passer un barbelé et dévaler à travers un amas de branchages morts extrêmement instable avec une canne à la main n'était pas chose facile. Chaque seconde dure éternité. Pourtant il faut être le plus rapide et ne pas commettre d'erreur, ne pas se casser la margoulette.

Chaque seconde passée avec cette truite encore au bout de la ligne, fougueuse, se contortionnant de toute sa puissance, m'est perçue comme une peine probatoire, une épée de Damoclès. Dans ces moments, il est difficile d'estimer le temps qui passe. Mais, sûr, plusieurs dizaines de secondes se seront écoulées avant que je puisse libérer la soie du rocher.

Pendant tout ce temps, seule l'élasticité remarquable de ce bas de ligne rouge essuiera les coups de tête, contorsions et tentatives de rush de ce fabuleux poisson aux formes galbeuses, et ceci dans une veine de courant soutenue!

La suite des évenements ne sera que formalité malgré l'energie que madame déployait encore.

Quand ça ne tient qu'à un fil!

Les conditions étaient optimales pour réaliser une série de clichés plus ou moins réussis avant qu'elle retourne sous son tronc.

La vidéo brute de décoffrage

Par la suite, je casserais sa soeur jumelle dans les conditions toutes aussi délicates. La ruse du pêcheur et le fil rouge ne pourront rien contre le frottement de la pointe dans les branchages.

Ce qui est sûr, c'est que ce bas de ligne n'est pas prêt de quitter mes moulinets!

Cela faisait déjà bien longtemps que j'en étais convaincu, mais cette épisode donnera une corde supplémentaire à mon arc.

Quand ça ne tient qu'à un fil!

Rédigé par Gaël DELORME

Publié dans #peche

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T
Superbe texte !
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